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Norseman 2016 : le défi fou de Jérôme

Gaustatoppen Norseman Raspoutine« Quand ai-je rêvé de faire le Norseman ? Il y a deux ans, quand j'ai commencé le triathlon. J'ai vu un très beau reportage sur l'épreuve, et dès l'année suivante, j'ai tenté l'inscription... Sans que ma candidature ait été  retenue », raconte Jérôme Ruamps.

Il faut dire que le débutant en triathlon vise tout de suite le format Ironman, son « but initial ». Et même plus.

Mais, après deux années de triathlon, Jérôme vient de décrocher sa place pour l'épreuve nordique, le 6 août 2016. Aussi, nous avons choisi de suivre, pas à pas, sous forme de feuilleton, l'aventure de cet athlète à l'appétit sportif hors norme.

velo lac Norseman RaspoutineRêve fou ou ambition inconsciente... « Je terminais ma carrière d'athlétisme sur le 1 500 m, le 3 000 m steeple et le 10 km... J'avais besoin d'un nouveau défi. Et avec trois copains, on a parié qu'on ferait un Ironman l'année suivante. Finalement, j'ai été le seul à tenir le pari, l'un de mes amis le faisant au bout de deux ans », rapporte-t-il. Mais pour l'athlète de 37 ans, commencer avec un seul Ironman aurait été trop simple... Après le Ch'triman, à Gravelines en 2014, il enchaîne donc avec l'Ironman de Vichy, juste huit semaines après.

« Jusqu'ici, je n'ai jamais fait de half-Ironman. C'est vraiment le long qui m'intéresse ! », assène le néo-triathlète, pour qui tout semble couler de source. Sa progression éclair en natation, ses préparations très légères en vélo, faute de temps, mais des qualités exceptionnelles en course à pied le portent. Rien ne semble affecter son mental. Et c'est cette boulimie d'Ironman qui le conduira, cet été, sur le Norseman.

Après ses trois Ironman 2015 (Médoc, Embrun et Barcelone), il s'est déjà chauffé le 5 juin dernier sur celui de Nice, terminé en 11h15, non sans déception.

Pourtant il relativise déjà. « J'ai regardé les temps sur l'Ironman de Nice des finishers au sommet du Gaustatoppen (arrivée du Norseman). Et, si tout va bien, le temps que j'ai fait devrait me permettre d'être parmi les 160 premiers concurrents du Norseman, ceux autorisés à terminer les dix kilomètres du marathon en trail vers le sommet de la montagne », espère jérôme, voulant le maillot noir de finisher. Les autres redescendant sur les dix derniers kilomètres.

Norseman : premier handicap, la sélection...

bateau Norseman nuit RaspoutineIl n'est pas donné à tout le monde d'accéder à la difficile épreuve des fjords au nord-ouest d'Oslo, en Norvège, sur ce triathlon Ironman (3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42 km de course à pied) si particulier. Car les athlètes sont "parachutés" de nuit d'un chalutier au milieu du lac avant de longer la côte en nageant et d'enchaîner les difficiles circuits de vélo et du marathon...

Et si Jérôme en est aujourd'hui à se projeter sur l'épreuve norvégienne, c'est qu'il a eu de la chance, à sa deuxième tentative. « Après mon coup d'essai, en 2014, je me suis de nouveau inscrit en octobre 2015. L'inscription se fait pour une dizaine d'euros qui vont à une association caritative. L'inscription permet de faire partie de la pré-sélection que font les organisateurs. Et seuls ceux retenus, lors de cette sélection sur "dossier", participent au tirage au sort. Et j'ai eu de la chance ! »

Il faut préciser que ceux qui tentent leur inscription deux années de suite sont automatiquement retenus pour le tirage au sort. Ensuite, ce tirage au sort se fait de façon ciblée. Avec une soixantaine de nations représentées, la France fait partie des plus importantes et bénéficie d'une vingtaine de places pour ses ressortissants. Même si logiquement les pays nordistes restent privilégiées.

 « Lorsque j'ai reçu le message en Anglais, début novembre, qui cette fois-ci me disait que j'étais retenu sur le Norseman, j'étais surexcité. J'ai tout de suite transmis le message à ma femme... C'est là que tout s'accélère. On va voir le parcours, on recherche des hébergements, et il faut faire vite. Car, d'un coup, tous les hébergements du petit village portuaire de 950 habitants sont pris d'assaut. Dès le lendemain, il n'y a plus de place... », prévient-il.

Le défi logistique

Le Norseman est un Ironman avec assistance... obligatoire. Et pour Jérôme Ruamps, son team sera composé de trois autres personnes, notamment sa soeur, également triathlète, qui sera un atout sur la partie trail qui doit se faire à deux. « Il faut penser que l'accompagnateur qui nous suit sur ces dix derniers kilomètres d'ascension devra ensuite redescendre seul pour retourner à la voiture. Car seuls les athlètes peuvent prendre la navette de retour à la fin de la course », rappelle le sélectionné.

equipe Norseman 1Dès lors, avoir un tel team nécessite à la fois de trouver l'hébergement pour quatre mais également de prévoir les véhicules, deux en l'occurence, pour faire le trajet France-Norvège. Soit vingt-trois heures de route et de ferry.

« Certains viennent en camping-car. Mais cette solution présente un problème majeur : ces véhicules de gros gabarit ne passent pas sur certaines routes... », observe Jérôme qui préfèrera un véhicule pouvant contenir son deuxième vélo de secours, et dans le coffre duquel il pourra s'asseoir pour les ravitaillements. « Car il est interdit de mettre les pieds dans la voiture ! » Sinon, l'équipe d'accompagnateurs peut assurer autant de relais qu'elle le souhaite.

Les accompagnateurs préparent les transitions, assurent les ravitaillements, et font l'ultime partie du marathon avec l'athlète. C'est pourquoi il faut penser à tout. Et dans sa stratégie, Jérôme s'est aussi entouré de sa femme qui avec sa soeur sont toutes deux en mesure d'assurer le trail, dans les deux sens, avec camelback.

La stratégie de course est essentielle. D'autant que certaines contraintes s'ajoutent à l'équation. Par exemple, les voitures sont interdites sur les trente premiers kilomètres d'ascension à vélo mais également les trente derniers où les cyclistes dévalent des lacets souvent plus rapidement que les véhicules...

 Préparation spéciale « froid »

Le froid et les variations rapides de température sur les parcours natation, vélo et course à pied ont contribué au mythe « Norseman ». Ainsi, l'eau annoncée pour 12° C est plutôt à 8° C et mieux vaut être préparé pour affronter 3,8 km dans une eau glaciale. Le règlement prévoit que seuls les mains et le visage doivent être découverts.

Aussi, Jérôme, bien conseillé par un finisher du Norseman, prévoit-il le maillot néoprène sous la combi, des renforts néoprènes sur les membres, la cagoule, les chaussons également en néoprène avec de l'huile chauffante sur les pied. « Cela complique pas mal la préparation. Car il faut apprendre à nager avec des chaussons et une double épaisseur de combinaison sans choper de crampes ! », évoque-t-il pour en fixer la difficuté.

À cela s'ajoute la préparation spéciale à l'eau froide que Jérôme compte bien s'infliger : « je vais commencer avec des bains d'eau froide de 20 à 30 minutes puis progressivement ajouter des glaçons... Il faut habituer le corps, qu'il gagne en capacité de résistance au froid. J'ai prévu de le faire deux à trois fois par semaine comme le conseille l'organisation du Norseman ».

debut trail Norseman RaspoutinePour le reste, Jérôme Ruamps compte bien sur sa préparation en montagne au mois de juillet, dans les Alpes, pour monter en puissance à vélo et pouvoir enchaîner en trail sur du dénivelé. Enchaînements programmés !

« Aujourd'hui, je suis confiant après Nice... Je peux espérer finir dans les 160 premiers pour aller chercher mon maillot noir. Je vise la place car le temps, on s'en fout ! », se projette le triathlète qui, avec son insatiabilité, se présentera encore à l'Ironman de Vichy, moins d'un mois après le Norseman. Et se retient pour ne pas ajouter à la liste un quatrième Ironman, avec le lancement de l'Alpsman, à Annecy, en octobre...